Le 10 septembre dernier a eu lieu la conférence Think 2024. Organisée par le média News Tank, elle propose, le temps d'une journée, de partager les innovations et de débattre des enjeux actuels.
La conférence a été animée par Marie-Anne Ginoux, directrice générale de Sotheby's France ; Fanny Gonella, directrice du FRAC Lorraine ; Matthieu Laurette, artiste ; Marion Papillon, directrice associée de la Galerie Papillon et présidente du Comité Professionnel des Galeries d'Art. La modération a été assurée par Aurélie Romanacce, journaliste à News Tank Culture.
Cette conférence a donné lieu à des échanges essentiels sur de multiples aspects du marché de l'art actuel.
En voici un résumé :
La solidarité des galeries dans un écosystème fragile.
En premier lieu, le débat a mis en lumière la solidarité nécessaire au sein de l'écosystème artistique, malgré une dynamique qui peut parfois, être déséquilibrée. Si les foires sont essentielles pour les galeries, elles exercent aussi un pouvoir considérable dans la sélection et la communication autour des artistes. La fermeture de plusieurs galeries new-yorkaises cet été nous rappelle bien que l'équilibre reste fragile pour les petites et moyennes structures. Elles sont pourtant essentielles, lorsqu'il s'agit d'introduire de nouvelles voix et idées dans le marché de l'art. "Ce modèle économique est fragile, mais la vitalité et la qualité des propositions artistiques sont au rendez-vous", a souligné Marion Papillon. Avec des évènements comme la Paris Art Week et ses multiples foires "off", les galeries françaises espèrent renforcer leur visibilité et attirer un public diversifié.
Les droits des artistes.
Les intervenants ont ensuite retracé l'histoire des contrats d'artistes, avec les premiers contrats conçus dans les années 1970 pour défendre les droits des créateurs. À l'heure actuelle, des galeries hybrides émergent, permettant aux artistes de collaborer sans représentation exclusive. Ce modèle souple permet aux créateurs de conserver une certaine indépendance, tout en répondant à la demande du marché. Le contrat créé par Seth Siegelaub en 1971, illustre cette préoccupation toujours d'actualité, pour le droit des artistes. Ces initiatives historiques incitent les professionnels à imaginer des modèles économiques mieux adaptés aux besoins existants.
Transparence dans les maisons de ventes.
"C'est le client, vendeur ou acheteur, qui dicte sa loi", a rappelé Marie-Anne Ginoux, soulignant le besoin de répondre aux attentes des collectionneurs tout en respectant les contraintes fiscales et juridiques. Avec 450 maisons de vente en France, dont une majorité spécialisées dans l'art, l'enjeu de la confiance avec les clients est crucial, notamment pour attirer les collectionneurs internationaux. "Les pratiques anti-blanchiment et de traçabilité des biens sont des éléments clés pour asseoir cette confiance", a-t-elle ajouté, illustrant une volonté d'aller vers d'autant plus d'éthique et de transparence dans le domaine de la Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LCB-FT).
Une nouvelle vision de la propriété artistique.
L'enjeu de la propriété privée dans l'art contemporain va au delà de la simple acquisition d'oeuvres. À titre d'exemple, le FRAC Lorraine explore des concepts d'art immatériel et interroge les conventions autour de la propriété et de l'usage de l'art. "Il est important que les oeuvres soient accessibles , non pas pour une élite, mais pour l'ensemble de la société", explique Fanny Gonella, directrice du FRAC Lorraine. Elle plaide pour une gratuité des lieux d'art en France, dans le but de renforcer la proximité entre le public et les oeuvres. Le marché de l'art doit donc évoluer vers un modèle plus éthique et équitable, où le rapport de force est repensé pour donner davantage de liberté aux artistes.
Vers une TVA réduite et une compétitivité européenne
Le 1er janvier 2025, une directive européenne harmonisera le taux de TVA sur les œuvres d’art à 5,5 % en France, permettant au marché de gagner en compétitivité et en transparence. Cet ajustement marque un tournant dans les politiques fiscales appliquées aux œuvres d’art, répondant à une demande de longue date des professionnels.
La conférence Think 2024 a mis en avant un constat partagé : l’art a besoin d’un écosystème équilibré et de régulations adaptées pour que les acteurs puissent prospérer. Mais surtout, cette journée a souligné un besoin croissant de transparence et de nouvelles pratiques pour accompagner le marché de l’art dans une ère plus pérenne.
